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Bien-être et Santé Mentale

Le droit de couper : quand les enseignants ont besoin d’une vraie pause

Le droit de couper : pourquoi les enseignant·es ont besoin d’une vraie pause

Pendant que beaucoup profitent de leurs vacances sans remords, de nombreux enseignants ressentent une forme de culpabilité à l’idée de ne “rien faire”. Un tiroir de classe à ranger, un dossier à terminer, une séquence à planifier… et cette petite voix qui murmure : “Tu pourrais être plus productive.” Pourtant, se reposer n’est pas un caprice : c’est une nécessité.

Le besoin de coupure

Être enseignant, ce n’est pas simplement “travailler devant des élèves”. C’est porter chaque jour des dizaines d’émotions, de décisions, d’ajustements. C’est penser aux besoins des uns, aux difficultés des autres, aux adaptations à préparer, aux réunions, aux imprévus, aux parents, à la bienveillance qu’on doit offrir même quand on est fatigué.

Le cerveau d’un enseignant est rarement silencieux. Il tourne, il anticipe, il organise, il cherche comment faire mieux. Mais à force de rester allumé, il finit par s’épuiser — doucement, insidieusement.

Le droit de couper

Les vacances ne sont pas une parenthèse superflue : elles font partie du temps de travail. Elles permettent à l’esprit et au corps de retrouver ce qu’ils ont donné. Le “droit de couper” n’est pas un luxe, c’est une condition de survie dans un métier exigeant. Couper, ce n’est pas fuir son engagement. C’est choisir de durer. C’est se donner la chance de revenir inspiré, disponible, et bien.

Mon apprentissage de la pause

Je suis quelqu’un de très investi. Quand j’aime ce que je fais, je m’y donne tout entière. Pendant longtemps, j’ai cru qu’il fallait être toujours “en action” pour être à la hauteur. Mais à un moment, mon corps a dit stop. J’étais épuisée, vidée, presque éteinte à force de tout donner.

Cet apprentissage s’est fait dans la douleur. Celle de réaliser que, même quand un métier est une vocation, il n’en reste pas moins un travail, avec ses limites, ses attentes, parfois déraisonnables. À force d’en faire toujours plus, j’ai fini par me perdre un peu. Je crois qu’au fond, j’étais devenue dépendante de cette reconnaissance que m’apportait le fait d’aider, de faire davantage.
Comme si donner plus signifiait être aimée davantage. Mais cette quête d’approbation m’a peu à peu épuisée, jusqu’à ce que je réalise qu’elle ne nourrissait plus rien, sinon ma fatigue. Et lorsque j’ai tenté de ralentir, le regard des autres m’a renvoyé une forme d’injustice : comme si “moins” signifiait “insuffisant”, alors qu’il s’agissait simplement de me protéger.

C’est là que j’ai appris à m’écouter vraiment. Même si, parfois, ma petite voix intérieure me crie encore dessus quand je ralentis, j’ai appris à ne plus l’écouter. Je préfère écouter mon cœur, mon corps et ma fatigue. Ils savent mieux que la culpabilité ce dont j’ai besoin.

Aujourd’hui, je sais reconnaître les signes. Et je m’autorise à souffler, à ne rien produire, à juste être.

🌿 Ma façon de me reposer

Pendant les vacances, je ralentis. Je crée un peu, je cuisine, je dessine, je flâne, je passe du temps avec ceux que j’aime, je regarde la lumière changer, je regarde des séries, je profite de mon canapé. Je laisse mon esprit vagabonder, mon cœur respirer.

En fait, j’ai un peu une potion magique des vacances :
un peu de productivité, quelques douceurs gustatives, une bonne dose d’amis et de famille… et un grand bol de calme.
C’est ma façon à moi de me régénérer, sans culpabilité.

🌸 Revenir autrement

Quand on s’accorde le droit de couper, on revient différent. Moins tendu. Plus clair. Plus soi. La lenteur nourrit la créativité. Le silence réveille les idées. Et le repos redonne envie d’enseigner avec le cœur.

Alors si tu lis ces lignes pendant tes vacances : respire. Ton métier ne t’en voudra pas. Tes élèves non plus. Et ton corps, lui, te dira merci 🌿

« On ne verse pas d’eau d’une carafe vide. »

inspiré d’Eleanor Brownn

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